«La spirale de la violence se développe en Italie». La presse française face à la « crise italienne

Le 12 décembre 1969, à Milan, place Fontana, une bombe explose dans le siège de la Banque Nationale de l’Agriculture. Seize personnes sont tuées et un grand nombre d’autres sont blessées. Une deuxième bombe est retrouvée, toujours à Milan, sans avoir explosé, dans une agence d’une autre banque. Presqu’au même moment trois autres explosions ont lieu à Rome, l’une dans une agence de la Banque Nationale du Travail et les deux autres à l’Autel de la Patrie[2].

Les attentats terroristes de Rome et surtout ceux de Milan du 12 décembre représentent un évènement crucial dans l’histoire récente de l’Italie. Le massacre de la Piazza Fontana est en effet généralement interprété comme le premier épisode de la période dramatique du terrorisme en Italie; une période incroyablement longue et virulente: elle dura plus de 15 ans, provoqua un grand nombre de morts et de blessés et fut probablement sans pareille parmi les démocraties occidentales. L’attentat de la Piazza Fontana est généralement interprété comme l’épisode « le plus représentatif » et le plus significatif de la première vague du terrorisme néo-fasciste (de 1969 à 1974) et de la stratégie de la tension poursuivie par les groupes de la droite radicale[3], qui, par de nombreux actes de violence, des attentats terroristes, des massacres, des tentatives de coups d’états, chercha à abattre le régime démocratique en Italie et à promouvoir un régime autoritaire, probablement avec la complicité, sinon le support, de certaines forces provenant du corps même des institutions de l’état. En outre les bombes du 12 décembre sont généralement estimées comme le cas politique et judiciaire le plus compliqué de l’histoire d’Italie, avec de nombreuses enquêtes, des procès, des sentences, des centaines de milliers de pages de documentation, des personnages de tous bords suspectés et accusés[4]. C’est pour cette raison également que l’attentat de la Piazza Fontana a provoqué des débats furieux dans la presse et dans le monde politique et constitue l’objet de mémoires divisés et contestés.

Cet essai veut analyser la façon dont le massacre de la Piazza Fontana fut vu et jugé hors d’Italie. En particulier il examine les analyses, les commentaires, les réactions de la presse française. Les journaux pris en considération – trois quotidiens (Le Monde, Le Figaro, l’Humanité), deux hebdomadaires (L’Express et Le Nouvel Observateur) et un mensuel (Le Monde Diplomatique) – ont été sélectionnés pour leur diffusion, leur autorité (aussi bien en France qu’à l’étranger), pour l’influence qu’ils exercent, parce qu’ils représentent des points de vue politiques et culturels différents et pour leur extraordinaire attention aux évènements italiens[5].

 

L’essai se divise en trois parties. Tout d’abord il examine les jugements les plus diffus en France sur la situation italienne au moment des bombes et il analyse surtout les différents jugements élaborés par les observateurs français sur la grande turbulence sociale qui traversa l’Italie pendant l’automne de 1969 (qui fut surnommé l’automne chaud) et sur la « crise italienne ». Puis il veut reconstruire les réactions de la presse française, en pleine évolution à cette époque là, au massacre du 12 décembre et examiner les différents points de vue sur les responsables présumés des attentats. Enfin cet essai se concentre sur les évaluations données par les journalistes français sur les conséquences éventuelles des attentats dans la vie politique. La vision d’ensemble qui découle de ces analyses est particulièrement riche. En effet elle ne fournit pas seulement – grâce aux perceptions “de l’extérieur” – des interprétations nouvelles de ces évènements cruciaux pour l’histoire italienne récente, mais elle permet d’illuminer, dans un jeu de miroir où la France et l’Italie se renvoient la lumière à tour de rôle[6], les craintes, les points de vue et les tendances de la culture française de l’époque, par rapport à l’Italie mais aussi par rapport à la France même.

 

 

1. «Une grève insolite» dans un automne chaud

Le 19 novembre 1969 les trois principaux syndicats italiens (CGIL, CISL et UIL) firent appel à une grève générale contre la crise du logement. Dans un « climat de tension syndical qui ne diminue pas » – préconisait l’Humanité quelques heures avant la manifestation à laquelle pratiquement toutes les catégories professionnelles avaient adhéré –, l’Italie « s’apprête à vivre la journée qui sera la plus brûlante d’un automne social déjà chaud[7] ». Les prévisions du journal du Parti Communiste Français ne furent pas démenties. En effet la grève du 19 novembre représenta sans doute – comme différents observateurs français remarquèrent – le moment culminant de la saison d’« agitation sociale presque ininterrompue[8] » commencée au début du mois de septembre. En même temps la grève marqua l’épisode de tension et de violence le plus sérieux avant le massacre de la Piazza Fontana: le meurtre, au cours de heurts très violents, du jeune agent de police Antonio Annarumma.

La grève générale et surtout les évènements dramatiques de Milan éveillèrent une grande attention à Paris tandis que la presse française assumait les points de vue les plus différents surtout au sujet des deux questions suivantes: quelles avaient été les circonstances qui avaient amené la mort de Annarumma? La violence avait-elle été un fait marginal et occasionnel ou, au contraire fallait-il la voir comme une part essentielle de la grève du 19 novembre et plus généralement de l’agitation sociale des derniers mois? Ce fut surtout Le Figaro qui adopta avec vigueur cette deuxième prospective et qui reconnut dans la violence l’un des aspects principaux, ou plutôt l’aspect principal  de la grève du 19 novembre et de façon générale de l’automne chaud. Les heurts violents et la mort même d’Annarumma étaient sans doute liés, selon le doyen des journaux français, aux « efforts constants des extrémistes pour créer désordres après désordres[9] »; extrémistes qui, selon le journal, constituaient toutefois une partie non marginale mais principale et nullement isolée du cycle de protestation sociale de l’Italie. Le Monde, surtout dans les articles de Jacques Nobécourt, correspondant à Rome du journal depuis l’automne 1965[10], suggérait par contre une vision décidément plus nuancée. Il reliait lui aussi les violences et les heurts qui avaient conduit au meurtre du jeune policier aux extrémistes. Cependant d’un coté Le Monde voyait dans les extrémistes (surtout « prochinois » et « marxistes-léninistes porteur de drapeaux rouges, de portraits de Mao Tse-Toung ») un groupe absolument minoritaire, une partie moindre, externe et même en conflit avec la majorité des protagonistes de l’agitation syndicale et sociale des derniers mois. Par ailleurs Le Monde, comme Le Nouvel Observateur[11], remarquait dans les épisodes de violence un aspect marginal de la grève du 19 novembre [12] et des revendications ouvrières qui depuis des mois agitaient le pays. Une interprétation profondément différente (et isolée) venait de la part de l’Humanité pour qui la responsabilité de la violence des derniers mois au cours des manifestations syndicales et de la mort d’Annarumma étaient dues exclusivement à « l’agression policière[13] ». Pour le journal communiste il n’y avait pas de doute: « La police porte la responsabilité des incidents de mercredi à Milan[14] ».

Tous les principaux journaux français, au delà des différences (même profondes) qui caractérisent leurs analyses, sont d’accord sur l’opinion que les faits dramatiques de Milan avaient augmenté parmi les italiens l’anxiété, la tension, l’inquiétude et que la situation italienne était devenue de plus en plus inquiétante. Certaines nouvelles qui arrivaient de Milan dans les mêmes heures et concernaient des manifestations de protestation de la part de certains détachements de la Police de Milan, renforcèrent ces craintes parmi de nombreux observateurs français. Parmi les premiers qui ont remarqué que les réactions de la Police de Milan n’étaient pas « complètement rassurantes » il y a la CIA[15] et l’Ambassade des Etats Unis à Rome qui, dans un bref télégramme informa Washington que « in event police get out of hand either on side of excessive violence or of refusing orders to continue previous moderate and responsible role, Government would immediately be in difficulties[16] .». Dans les heures qui suivirent ce télégramme, presque tous les principaux journaux français donnèrent de grands échos à ces nouvelles devenues désormais publiques et les commentèrent avec inquiétude et dans certains cas avec un alarmisme évident. La « “celere”, épine dorsale de la force publique, basculait dans la révolte », écrivait par exemple L’Express qui ajoutait: «pendant quelques heures, le pouvoir a senti vaciller sa police[17] .». Parmi les voix qui essayèrent de ne pas dramatiser les nouvelles qui arrivaient des « casernes de Milan » et de justifier le mécontentement de « certain éléments de la police » (un mécontentement compréhensible surtout au vu du comportement habituellement hostile des communistes envers les forces de l’ordre) il y eut certainement Le Figaro. Bien qu’estimant qu’il ne s’agissait que d’un « moment d’indignation », l’envoyé spécial permanent à Rome de Le Figaro Bernard Noël ne réussissait pas à cacher pourtant certaines questions et craintes « graves » au sujet de possibles et plus inquiétants scénarios futurs:

 

Mais le point d’interrogation qui demeure, auquel beaucoup de gens pensent, est celui-ci: une véritable révolte des policiers est-elle possible, concevable? Les communistes auraient-ils réussi à noyauter des unités policières? On aperçoit le danger très grave qui menacerait alors le pays. Et le carabiniers – cette force intacte, disciplinée, populaire – seraient-ils amenés alors a sortir de leur réserve pour remettre de l’ordre ?[18]

 

 

2. La «crise italienne» et la «spirale de la violence»

Les heurts très violents de Milan, la mort d’Annarumma, les voix inquiétantes sur de probables révoltes de la part de secteurs de la police amenèrent un changement important dans la perception de la situation italienne de la part des observateurs français, tous convaincus – comme remarquait immédiatement Le Monde Diplomatique – que le souvenir de ces évènements dramatiques pèserait « longtemps sur la vie politique italienne[19] .». Déjà depuis quelques mois divers secteurs de l’opinion publique française avaient commencé à peindre l’Italie comme un pays en crise profonde: une crise dans le système, selon certains, et même une crise du système (avec la possibilité d’une crise successive des « fondements » même « du régime »[20]), selon d’autres[21]. Selon une grande partie des journaux français les évènements du 19 novembre et leurs répercussions avaient marqué l’ouverture d’une «phase nouvelle » dans la « crise du système[22] .».

Les journaux français mettaient en évidence surtout la profonde crise politique traversée par le pays. À la veille de l’attentat de la Piazza Fontana le tableau de la politique italienne apparaissait en effet très inquiétant aux observateurs français, surtout en considération des éléments suivants (tous de longue durée): la faiblesse traditionnelle de l’Etat et son incapacité de faire face à ses taches, l’existence de forces politiques trop divisées; l’instabilité continue; la force croissante des syndicats qui cherchaient désormais à « prendre la relève des responsables politiques[23] »; la continuité de gouvernements totalement incapables de « poursuivre » le propre devoir « avec l’autorité indispensable. ». Le gouvernement au pouvoir à l’époque, un cabinet monocolore (c’est à dire composé uniquement par des membres de la Démocratie Chrétienne et dirigé par un de ses leaders principaux, Mariano Rumor), représentait parfaitement, selon l’opinion des français, toutes ces graves limites et carences: le gouvernement était privé d’un solide appui de la part des partis qui le soutenaient (c’est à dire les ex alliés de la coalition de Centre gauche brisée le lendemain des élections nationales de 1968: la DC, le parti républicain, et les deux partis socialistes, ces derniers fortement en conflit entre eux après la rupture en juillet 1969) et il n’apparaissait pas en mesure de « consolider son autorité dans la crise[24] .». Un autre facteur de la « crise italienne » était, selon les principaux observateurs français, la grave agitation sociale, sans précédents jusqu’alors, qui traversait le pays ainsi que la parcellarisation de la société italienne (« chaque détenteur d’une parcelle de l’autorité agit pour son propre compte, sans se soucier réellement des répercussions de ses actes sur l’ensemble des affaires[25] » écrivait par exemple Le Monde en première page le 20 novembre). Différents secteurs de la presse française remarquaient aussi les inquiétants signaux de crise au niveau de l’opinion publique, surtout dans la « bourgeoisie »[26]. Le Figaro était surtout frappé par l’anxiété croissante et l’inquiétude qui se diffusait parmi les italiens ainsi que des attitudes je-m’en-fichistes du genre « “Abbasso tutti” (A bas tout le monde, il n’y a rien à faire) [27] .». Une dernière manifestation de la « crise italienne » semblait être les épisodes de violence politique de plus en plus fréquents et menaçants: sanglants affrontements entre les extrémistes et les forces de l’ordre, échauffourées entre extrémistes de droite et de gauche, l’explosion d’une obscure et inquiétante série d’attentats à la bombe. Le quotidien qui, fin novembre et début décembre, considéra justement la violence comme le probable problème principal du pays fut certainement Le Figaro. Certains des titres utilisés par le journal expriment bien ce point de vue: « Le maintien de l’ordre: problème n° 1 du gouvernement italien » (22-23 novembre), ou, encore plus explicitement le jour après: « La “spirale de la violence” se développe en Italie où les attentats se succèdent »; une  “spirale” dont Le Figaro – mais aussi L’Express[28] – accusait durement le Parti Communiste italien[29]. Les évaluations sur les conséquences politiques que la crise pourrait avoir étaient différentes. Le Figaro et L’Express par exemple estimaient que c’était surtout le PCI (qui se présentait « comme le défenseur suprême de l’ordre[30] ») qui pourrait bénéficier de cet état de crise. Cette hypothèse était peu plausible selon d’autres journaux qui, comme Le Monde ou L’Humanité, craignaient au contraire un déplacement des forces politiques vers la droite et trouvaient des traces même « dans les partis démocratiques eux-mêmes » de « tentation du “gouvernement fort”[31] ». La préoccupation d’un virage vers des partis de droite et même d’un retour au fascisme (nié avec force dans Le Figaro) trouva une nouvelle ampleur, début décembre, grâce à la publication d’un article dans le journal britannique Observer[32] (auquel Le Monde et L’Humanité[33] donnèrent une grande importance tandis que Le Figaro y fit peu attention) selon lequel le régime grec des colonels aurait participé à une tentative de coup d’Etat ourdi en Italie par des éléments d’extrême-droite et par un groupe d’officiers.

Au delà des différentes opinions sur les développements possible de la situation italienne, tous les journaux français estimaient donc, entre fin novembre et début décembre, que l’Italie vivait une période où l’on respirait un lourd « climat de crise[34] » probablement sans antécédents dans l’histoire nationale.

 

 

3. Dies irae

C’est dans ce climat de crise qu’éclatèrent les bombes à Milan et à Rome le 12 décembre. Les «sanglants attentats» – qui semblèrent tout de suite « minutieusement organisés » et soigneusement synchronisées[35] » – conquirent les premières pages de tous les plus importants quotidiens français. Au trouble et à la préoccupation s’ajoutait à Paris la volonté de comprendre. Pourquoi cela était-il arrivé? Et comment les italiens avaient-ils réagi? Parmi les tentatives d’analyses immédiates la plus complexe fut élaborée par Le Monde. Dans un ample éditorial en première page dédié au vendredi sanglant italien, Le Monde excluait avec force que les attentats puissent être mis en rapport avec les « trois mois d’agitation sociale vigoureuse »: « les centrales syndicales – le journal déclarait en effet – semblaient avoir repris le contrôle des éléments extrémistes qui menaçaient de les déborder » et le PCI lui-même, « bien éloigné d’amplifier l’agitation, et de lui donner une forme insurrectionnelle, s’était comporté prudemment ».

Restant cohérent avec son interprétation générale de la « crise italienne », Le Monde liait plutôt cette « entreprise de terrorisme à l’état pur […] sciemment montée en Italie » aux manques de la classe politique envers laquelle il formulait une accusation très dure. Il observait en effet: « La classe politique italienne, recluse dans le labyrinthe de ses oppositions de personnes et d’un verbalisme irritant, s’est lentement résignée à un “vide de pouvoir” alarmant. […] Les attentats […] reposent, en effet, de façon dramatique le problème-clé italien: celui de la confiance populaire dans les capacités des partis et des politiciens .». Il s’agissait d’un point fondamental pour l’« avenir de la démocratie libérale à Rome ». Et pas seulement à Rome. En effet – concluait Le Monde avec préoccupation – « cette inquiétude risque de s’étendre à l’Europe, où en Allemagne et en France les extrémistes de toute nature ont connu, au cours des dernières années, un regain d’activité[36] .».

Si les commentaires sur le vif du Monde se concentrèrent d’abord sur les responsabilités de la classe politique, ceux du Figaro par contre considéraient surtout les réactions des citoyens italiens. Stupeur, indignation, colère, dégoût, anxiété, confusion des esprits, « sursaut à la fois humain et national », « réflexion d’auto-défense »: voilà quels étaient, selon le doyen des journaux français, les sentiments principaux et les principales réactions dans une Italie « traumatisée par la vague de terrorisme », mais aussi un état d’âme diffus, mélange d’inquiétude et d’impatience qui se traduisait par une spasmodique « chasse à l’homme ». Ce qui frappait et peut être aussi surprenait Le Figaro était surtout l’unité montrée par « toutes les couches de la population » (tandis que L’Humanité, de façon cohérente avec sa propre ligne politique et culturelle, parlait avec emphase et exclusivement de l’unité des travailleurs[37]), leur capacité d’avoir su « mettre un frein aux passions et aux divisions qui déchirent ce pays[38] ». L’« impressionnante » cérémonie à Milan pour les obsèques des victimes des terroristes représentait pour Le Figaro la confirmation extraordinaire de cette volonté d’unité des Italiens. La cérémonie avait en effet exprimé, selon le journal, « beaucoup plus que l’hommage d’une population unanimement attachée à ses morts innocents »: « empreinte d’un caractère d’union sacrée (peut-être sans lendemain !), face à des menaces aveugles, elle manifestait la volonté commune du peuple italien […] de se ressaisir, de surmonter ou, du moins, de limiter ses divisions, ses déchirements, ses faiblesses[39] ». Le bilan du Figaro sur la réaction de la société civile italienne ne pouvait donc qu’être positif, avec des tons parfois même enthousiastes: « après le douleur indignée – écrivait encore quelques jours après –, un instant de panique compréhensible, après le deuil, les larmes, le silence oppressant, le pays s’est ressaisi avec cette rapidité latine qui force souvent l’admiration[40] .».

 

 

4. « Chemise rouge » ou « drapeau noir » ?

Au cours des heures qui suivirent immédiatement le massacre de la Piazza Fontana, en Italie comme en France et dans d’autres pays, l’attention de l’opinion publique se concentra cependant surtout sur le problème d’en trouver les responsables. Comme observait Le Monde, « le problème major » était « évidemment d’ordre politique»: qui étaient les coupables? Les rouges ou les noirs? Les Maoïstes, les anarchistes ou les fascistes ultras? Tout le monde était convaincu qu’il s’agissait d’une enquête très malaisée, les journaux français exprimèrent, le lendemain des attentats, trois positions différentes. Une première thèse estimait que l’origine de la bombe était sans aucun doute “noire”. Elle fut soutenue sans hésitation exclusivement par L’Humanité. Les titres d’ouverture des premières pages entre le 13 et le 16 décembre, consacrés à la série d’attentats en Italie, exprimaient très clairement le point de vue du journal communiste: « Les auteurs seraient des partisans des colonels d’Athènes » (13 décembre); « Les attentats criminels de Milan et de Rome font le jeu des partisans d’un “régime musclé” » (15 décembre); « Sous prétexte d’assurer l’ordre certain cercles politiques et économique préconisent une “République présidentielle” » (16 décembre). Le mobile aussi apparaissait clairement à L’Humanité: «les attentats ont été commis à un moment où, sur le plan politique, les perspectives d’une alternative démocratique sortaient du domaine de l’hypothèse pure et simple pour prendre des contours plus précis; ils se situent également à un moment où, sur le terrain social, plusieurs conventions collectives avaient pu être conclues, essentiellement grâce à la volonté, à la discipline, à l’autorité des syndicats. Qui donc pouvait avoir intérêt à amorcer un rebondissement tragique aux événements dont l’Italie est depuis de longs mois le théâtre? Poser la question, c’est déjà y répondre[41] .».

Le Monde aussi, bien que de façon plus prudente et dubitative, estimait que, même si « les autorités semblaient s’orienter sans hésitation vers les groupes d’extrémistes de gauche », il fallait de toute façon « retomber l’origine et la volonté des attentats sur le groupes d’extrême droite[42] ».

Le troisième et dernier point de vue (qui était, selon ce qui semble émerger de documents actuels,  celui des institutions italiennes[43], ainsi que celui de la CIA[44] et de l’Ambassade des Etats–Unis à Rome[45]) fut adopté par contre par Le Figaro. Bien qu’avec prudence, déjà entre le 14 et le 16 décembre, Le Figaro avait tendance à chercher les responsables parmi les « prochinois » et les « anarchistes[46] », avec une légère préférence pour cette dernière hypothèse (« Une organisation internationale de tendance anarchiste soupçonnée », était par exemple le titre de l’article du 16 décembre de l’envoyé spécial à Rome, Noël).

Peu d’heures après les premiers résultats des enquêtes semblaient confirmer les soupçons du Figaro. « Mort après s’être jeté par la fenêtre de la préfecture de police l’anarchiste Pinelli considéré officieusement comme l’un des auteurs de l’attentat », titrait en effet en première page le 17 décembre Le Figaro; le jour suivant le journal montrait sur une énorme photo, toujours en première page, l’autre auteur du massacre, un autre anarchiste: le « danseur-terroriste » Pietro Valpreda, « toujours au premier rang des manifestations, un de ces jeunes anarchistes qui ne sont pas seulement des rêveurs, des philosophes, mais peuvent se révéler également de dangereux criminels, à l’occasion ». « Soupir de soulagement dans toute l’Italie: […] l’horreur suscitée par la tragédie demeure, ce lourd climat, où chaque citoyen vivait depuis vendredi dernier, s’est un peu allégé[47] », fut le premier commentaire du Figaro, qui fut la voix française qui soutint avec le plus de force et sans hésitation l’hypothèse – acceptée à chaud aussi comme « plausible » par Le Monde[48] – de la piste rouge et anarchique. Quelques nouvelles informations qui apparurent dans les jours suivants ne soulevèrent aucune ombre de doute du Figaro. Tandis que Le Monde et L’Humanité leur donnèrent bien plus d’importance. En particulier les deux quotidiens attribuaient une grand importance à la nouvelle selon laquelle le groupe “Mouvement du 22 mars”, dont faisaient partie beaucoup de nouveaux « anarchistes » sous enquête, ait été en réalité «crée par Mario Merlino […], qui avait auparavant milité dans le rangs d’organisations néo-fascistes et liées plus ou moins directement au Mouvement social italien », c’est-à-dire le parti néo-fasciste[49]. Dans le cas du Monde qui, de façon significative, donna durant ces jours un ample espace aux premières positions critiques italiennes aussi bien que françaises contre l’enquête[50], ces nouvelles amenèrent le quotidien à manifester avec plus d’évidence quelques perplexités, à remarquer des contradictions, à adopter une attitude prudente envers la “piste rouge.” Pour L’Humanité qui, dès le lendemain de la mort de Pinelli (sur le suicide duquel le journal manifestait d’ailleurs quelques soupçons) et de l’arrestation de Valpreda avait montré peu de conviction pour la piste anarchiste, la découverte qu’un « ancien fasciste (en relation avec les colonels grecs) dirigeait le group anarchiste auquel appartenait Valpreda[51] » fut interprétée comme une ultérieure et définitive confirmation de sa propre thèse exposée dès le jour du massacre: les attentats de Milan et de Rome devaient être considérés « éléments du complot contre le mouvement ouvrier et la démocratie[52] » et devaient servir « de détonateur pour faire exploser les structures démocratiques de l’Italie[53] » et imposer une solution autoritaire sur un « un climat d’exaspération » créé par l’extrême droite[54].

Les deux principaux hebdomadaires français exprimèrent également leurs doutes et leur perplexités ces jours là. Pour Le Nouvel Observateur, qui interprétait les attentats comme « la plus spectaculaire manifestation » du « grave malaise politique italien », l’inculpation de Valpreda n’était en fait autre que la solution idéale qui arrangeait « bien tout le monde », du moment qu’elle “disculpait” l’extrême gauche et les néo-fascistes; une solution vraiment “à l’italienne” selon l’hebdomadaire: «Drapeau rouge or chemise noir? Les […] morts de la Banca Nazionale d’Agricoltura de Milan ne pouvaient qu’avoir été victimes effectivement de l’extrême gauche ou de l’extrême droite néo-fasciste. Un choix d’une simplicité inhabituelle pour l’Italie, où les complexités et les contradictions de la vie politique dépassent tout ce qu’on a pu voir ailleurs. Un choix trop simple: le premier inculpé de l’attentat du 12 décembre est un anarchiste – chemise rouge, drapeau noir[55] .». Même L’Express avait quelques doutes sur les premiers résultats de l’enquête, mais soutenait la thèse de “Valpreda coupable idéal” de façon différente, en insistant surtout avec originalité sur le sens de la faute et sur la « complicité » collective des italiens. En effet le journal écrivait:

 

L’Italie connut cette sorte de stupeur froid qu’éprouvent les enfants lorsqu’ils contemplent un incendie après avoir tripoté une boîte d’allumettes. Ils comprennent qu’il doit y avoir un rapport entre le petite étincelle et les grandes flammes, mais la dimension du sinistre le confonde. Pas un Italien n’avait voulu cela, et tous, pourtant, se sentent coupables. D’avoir lassé monter la violence tout au long de l’automne, toléré la vide du Pouvoir, la veulerie des partis. Pietro Valpreda est le type même de la fausse réponse à leur problème[56] .

 

 

5.  Entre la relance du Centre gauche et les tentations extrémistes

Tous les journaux français eurent la perception, dans les heures successives aux bombes, que la gravité de la situation créée par des attentats de cette importance aurait des conséquences importantes sur le plan politique. Les menaces de crise ministérielle[57] et un « nouveau 1922[58] » furent exclues dès le début. Les hypothèses semblaient principalement les suivantes: un “cabinet d’ordre” de centre-droit; un gouvernement “bicolore” entre socialistes et démocrates-chrétiens; la reconstitution d’un cabinet de Centre gauche organique, avec la participation des quatre partis de la coalition – socialiste, démocrate chrétien, social-démocrate et républicain. A mesure que les heures passaient celle-ci semblait aux journaux français la direction vers laquelle les forces politiques semblaient se diriger. Une direction presque obligatoire, selon Le Figaro, pour éviter un dangereux vide de pouvoir (question et source d’alarme fréquente, comme on l’a vu, dans les analyses françaises de cette période). Dans les jours successifs ni Le Figaro ni Le Monde ne cachaient les difficultés du processus politique en cours (et ces difficultés étaient soulignées encore plus vigoureusement par L’Humanité qui prit une attitude très critique envers la tentative de reconstruire le Centre gauche qui lui semblait une opération anti-communiste). Mais la confiance dans le succès de l’opération, un succès impensable sans le massacre du 12 décembre, semblait croissante: « Le gouvernement de centre-gauche – écrivait Le Figaro déjà le 18 décembre – sera reconstitué, sans doute pas demain, mais bientôt[59] .».

L’Italie était-elle donc guérie, grâce à la dramatique massacre de la Piazza Fontana? Pas de façon définitive, selon les observateurs français. Dans un bilan sur la situation italienne du 30 décembre signé par Philippe Nourry et intitulé « Le malaise », Le Figaro remarquait que même si le « corps » restait « sain » dans l’ensemble, différentes pathologies touchaient encore l’état de santé du pays. Pathologies dont surtout les extrémistes pouvaient profiter. Donc, entre fin décembre et janvier, dans la presse française (et aux Etats Unis il y avait des points de vue semblables aussi) certains articles évoquaient « le souvenir de 1921 [60]», d’autres rappelaient au contraire que la brève « réaction de droite » qui avait suivi les attentats avait seulement «très brièvement ralenti ou entravé un glissement à gauche », un glissement qui pourrait ouvrir la voie aux communistes[61]. Aux yeux de ses observateurs en France, le malaise, la crise, la tourmente, n’étaient pas encore terminés.

 

 


[1] Cet article est partie d’un projet plus général consacré au terrorisme italien vu de l’étranger.

[2] Franco Ferraresi, « La strage di piazza Fontana », dans Luciano Violante (dir.), Storia d’Italia, Annali 12, La criminalità, Torino, Einaudi, 1997, p. 631. Sur le massacre de la Piazza Fontana et sur les procès successifs et les enquêtes judiciaires il existe une bibliographie extraordinairement ample. Parmi les travaux récents les plus analytiques: F. Ferraresi, « La strage…», op. cit.; Guido Panvini, Ordine nero, guerriglia rossa, Torino, Einaudi, 2009; Paolo Cucchiarelli, Il segreto di piazza Fontana, Milano, Ponte alle Grazie, 2009.

[3] Stratégie de la tension est la formule par laquelle la forme d’action conduite par les groupes néofascistes commença à être définie dès le début. Cependant comme ont remarqué différents chercheurs, le concept est « très controversé». En effet le terme “stratégie”, spécialement s’il est utilisé dans un sens littéraire, est « mal choisi » car il risque d’être « fourvoyant »: F. Ferraresi, « La strage… », op. cit., p. 621-629 et Hervé Rayner, « Protéger, subir et réprimir: la delicate “gestion” du terrorisme par l’État italien durant les “années de plomb” », dans Marc Lazar et Marie-Anne Matard-Bonucci (dir.), L’Italie des années de plomb. Le terrorisme entre histoire et mémoire, Paris, Autrement, 2010, pp. 36-49. Voir aussi H. Rayner, « Les théories du complot dans les interprétations du terrorisme en Italie: la prégnance du point de vu cryptologique », dans Terrorismes. L’Italie et l’Allemagne à l’épreuve des «années de plomb» (1970-1980), textes réunis par Gius Gargiulo et Otmar Seul, Paris, Michel Houdiard, 2008, pp. 162-193. Parmi les études les plus approfondies et importantes sur la première vague du terrorisme noir et sur la stratégie de la tension il est nécessaire de rappeler au moins: F. Ferraresi Threats to Democracy. The Radical Right in Italy after the War, Princeton, PUP, 1996 et Anna Cento Bull, Italian Neofascism. The Strategy of Tension and the Politics of Nonreconciliation, New York, Berghahn, 2007.

[4] P. Cucchiarelli, Il segreto…, op. cit., 9.

[5] Sur l’histoire de ces journaux et plus généralement de la presse française dans cette période voir notamment: Claude Bellanger, Jacques Godechot, Pierre Guiral et Fernand Terrou (dir.), Histoire général de la presse française, V, De 1958 à nos jours, Paris, PUF, 1976;  Claire Blandin, Le Figaro. Deux siècles d’histoire, Paris, Armand Colin, 2007; Fabrice d’Almeida et Christian Delporte, Histoire des médias en France de la Grande Guerre à nos jours, Paris, Flammarion, 2003; Christiane Delporte, Claude Pennetier, Jean-François Sirinelli, Serge Wolikow (dir.), L’Humanité de Jaurès à nos jours, Paris, Nouveau Monde éditions, 2004; Patrick Eveno, Le Monde. Histoire d’une entreprise de presse, 1944-1995, Paris, Le Monde éditions, 1996; Marc Martin, Médias et journalistes de la République, Paris, Odile Jacob, 1997.

[6] Voir sur ce point Marta Margotti, « Lo specchio europeo. L’Italia vista dalla stampa francese », dans Agostino Giovagnoli et Silvio Pons (dir.), L’Italia repubblicana nella crisi degli anni Settanta, I, Soveria Mannelli, Rubbettino, 2003, p. 451.

[7] L’Humanité, 18 novembre 1969.

[8] « Grève générale en Italie », Le Monde, 20 novembre 1969.

[9] Bernard Noël, « Anxiété des Italiens après les violences de la journée de grève », Le Figaro, 21 novembre 1969.

[10] Sur l’Italie de ces années Nobécourt écrit entre autres en 1970 un ample volume: L’Italie à vif, Paris, Seuil, 1970.

[11] Emilio Razzi, « Une grève insolite », Le Nouvel Observateur, 24-30 novembre 1969.

[12] J. Nobécourt, « La mort d’un policier à Milan soulève une vive émotion », Le Monde, 21 novembre 1969.

[13] Serge Leyrac, « L’Italie a connu hier la plus grande journée de grève de son histoire », L’Humanité, 20 novembre 1969.

[14] L’Humanité, 22 novembre 1969.

[15] National Archives and Records Administration (NARA), College Park (MD), CREST, CIA, “Italy: Police unrest reflects the strain of minimizing violence during extensive labor disputes”, 22 November 1969.

[16] NARA, RG 59, Central Foreign Policy Files, 1967-1969, Box: 1258, Folder: LAB 5 IT, 1/1/67, Telegram, “Early Reaction to Milan Incident”, 20 November 1969.  Voir Giovanni Mario Ceci, « The Explosion of Italian Terrorism and the Piazza Fontana Massacre Seen by the United States », Historia Actual Online, 31, Primavera, 2013, pp. 29-40.

[17] George Henein, « Malheur A Milan », L’Express, 24-30 novembre 1969.

[18] B. Noël, « Le maintien de l’ordre: problème n° 1 du gouvernement italien », Le Monde, 22-23 novembre 1969.

[19] J. Nobécourt, « Les syndicats italiens sont parvenus provisoirement à imposer leur prépondérance dans la vie de l’Etat », Le Monde diplomatique, décembre 1969.

[20] « Les difficultés de la vie politique italienne mena cent-elles les fondements du régime » était le titre significatif d’un ample dossier du Monde Diplomatique publié en août 1969 et dédié à la « crise italienne ».

[21] J. Nobécourt, « Une crise dans le système et non crise du système », Le Monde diplomatique, août 1969.

[22] G. Henein, « Malheur… », cit.

[23] « Grève générale… », cit.

[24] B. Noël, « Le président du Conseil Italien recherche l’appui de ses ex-alliés du centre-gauche pour consolider son autorité dans la crise », Le Figaro, 24 novembre 1969.

[25] « Grève générale… », cit.

[26] G. Henein, « Malheur… », cit.

[27] B. Noël, « Le président du Conseil… », cit.

[28] G. Henein, « Malheur… », cit.

[29] B. Noël, « La “spirale de la violence” se développe en Italie où les attentats se succèdent », Le Figaro, 25 novembre 1969

[30] B. Noël, « Le maintien… », cit. e B.N., « Le moment des bilans », Le Monde, 21 novembre 1969. Voir aussi G. Henein, « Malheur… », cit.

[31] « Grève générale… », cit. e « Manifestations néo-fascistes et intransigeance patronale », L’Humanité, 25 novembre 1969.

[32] Leslie Finer, « Greek Premier Plots Army Coup in Italy », Observer, 7 December 1969.

[33] « Les colonels grecs poussent leurs amis italiens à fomenter un coup d’Etat militaire en Italie », L’Humanité, 8 décembre 1969 et J. Nobécourt, « Un document mentionne la préparation d’un coup d’Etat militaire en Italie avec le concours du government grec », Le Monde, 9 décembre 1969.

[34] J. Nobécourt, « Le ministre de l’intérieur réaffirme les responsabilités de l’Etat dans le maintien de l’ordre public », Le Monde, 11 décembre 1969.

[35] J. Nobécourt, « Les sanglants attentats de Rome et Milan ont été minutieusement organisés », Le Monde, 14-15 décembre 1969.

[36] « Un défi à la “classe politique” », Le Monde, 16 décembre 1969.

[37] L’Humanité, 22 décembre 1969.

[38] Gérard Marin et B. Noël, « Milan fait aujourd’hui des obsèques solennelles aux 14 victimes de l’attentat de vendredi », Le Figaro, 15 décembre 1969.

[39] G. Marin, « Impressionnante et déchirante cérémonie à Milan pour les obsèques des 14 victimes des terroristes », Le Figaro, 16 décembre 1969.

[40] B. Noël, « Le président du conseil italien ne veut pas de reconstitution de la coalition gouvernementale “sur les bombes” », Le Figaro, 20-21 décembre 1969.

[41] L’Humanité, 15 décembre 1969.

[42] J. Nobécourt, « Les sanglants…», cit.

[43] Giovanni Mario Ceci, « Aldo Moro, i terrorismi e le trame eversive (1969-1978) », Mondo contemporaneo, 2, 2010, pp. 167-206.

[44] NARA, CREST, CIA, “Italy: Violence”, 13 December 1969.

[45] NARA, Nixon Presidential Materials Staff, NSC Files, Country Files – Europe, Box: 694, Folder: Italy, Vol. I, Jan 69 – 31 Jan 70, “Memorandum for Mr. Henry A. Kissinger. Subject: Report on Bombings in Italy”, 12 December 1969 et NARA, RG 59, CFPF, 1967-1969, Box: 2237, Folder: POL 23-8 IT, 1/1/68, Telegram, “Terrorist Attacks in Italy”, 13 December 1969. Voir Giovanni Mario Ceci, « The Explosion of Italian Terrorism and the Piazza Fontana Massacre Seen by the United States », op. cit.

[46] G. Marin et B. Noël, « Milan fait… », cit.

[47] B. Noël,« Soupir de soulagement en Italie », Le Figaro, 18 décembre 1969.

[48] J. Nobécourt, « Un anarchiste italien est inculpé de “complicité de massacre” », Le Monde, 18 décembre 1969.

[49] « Cinq “anarchistes”, dont un ancien militant néo-fasciste, sont inculpés », Le Monde, 21-22 décembre 1969.

[50] Le Monde, 23 décembre 1969.

[51] L’Humanité, 20 décembre 1969.

[52] L’Humanité, 18 décembre 1969.

[53] Alberto Jacoviello, « L’unité, la force des travailleurs, obstacle de taille aux machinations antidémocratique », L’Humanité, 22 décembre 1969.

[54] L’Humanité, 19 décembre 1969.

[55] Pierre Bénichou, « Chemise rouge, drapeau noir », Le Nouvel Observateur, 22-28 décembre 1969.

[56] Jean-François Kahn, « Italie: Complicité pour un massacre », L’Express, 22-28 décembre 1969.

[57] J. Nobécourt, « Les sanglants… », cit.

[58] « Les rumeurs de coup d’État “a la grecque” sont accueillies avec scepticisme », Le Monde, 16 décembre 1969.

[59] B. Noël,« Soupir… », cit.

[60] P. Bénichou, « Chemise… », cit.

[61] P.-J. Franceschini, « En Italie, les communistes tirent avantage de la confusion politique », Le Monde diplomatique, janvier 1970.

 

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    By: Giovanni Mario Ceci

    Giovanni Mario Ceci è dottore di ricerca in Storia contemporanea presso l’Università degli Studi “Roma Tre”. Attualmente è docente di Italian Culture per l’USAC presso l’Università degli Studi della Tuscia. I suoi studi riguardano principalmente il dibattito storiografico sul fascismo, il terrorismo italiano e la storia della Democrazia cristiana e del cattolicesimo italiano tra gli anni Settanta e gli anni Ottanta.

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