La radio internationale helvétique et la réhabilitation de l’image de la Suisse aux Etats-Unis (1943-1949)

L’image de la Confédération suisse sort ternie de la Seconde Guerre mondiale[1]. Le maintien d’une attitude ambiguë envers les forces de l’Axe, sous prétexte de neutralité, a d’abord crispé, puis profondément fâché les Alliés qui n’ont pas hésité à faire ouvertement part de leurs remontrances auprès des autorités helvétiques dès le tournant de la guerre, en 1943. C’est seulement sous la très forte pression exercée par la Grande-Bretagne et les États-Unis au cours de l’année 1944 que la Confédération finit par renoncer à commercer avec l’Allemagne nazie et se décide à soutenir financièrement l’effort de guerre des Alliés.

Les critiques à l’encontre de la Suisse sont particulièrement virulentes du côté des États-Unis[2]. De nombreux articles paraissant dans la presse américaine font état de ce mécontentement. La neutralité helvétique rime alors non seulement avec compromission, mais aussi avec égoïsme. En effet, comment expliquer que la Suisse fasse figure de pays de Cocagne au sortir du conflit, alors même que le reste de l’Europe est dévasté ? La détérioration de son image rend plus difficile ses relations diplomatiques et économiques. Les dirigeants helvétiques redoutent une certaine forme d’isolement sur la scène internationale, crainte qui s’accentue avec le fait que la Confédération ne prend pas part à l’Organisation des Nations Unies (ONU), évoquant son statut d’État neutre[3].

Les autorités suisses s’inquiètent tout particulièrement de la mauvaise réputation du pays auprès des États-Unis. En effet, cette puissance mondiale joue un rôle central dans le nouvel ordre international et devient, à la suite de l’effondrement de l’Allemagne, le partenaire économique principal de la Suisse. Convaincu de la nécessité de redorer le blason de la nation, le Gouvernement helvétique montre sa bonne volonté, notamment en signant l’accord de Washington sur l’or allemand le 25 mai 1946, en participant aux efforts américains entrepris pour reconstruire l’Europe à partir de 1947 et en adhérant à l’Organisation Européenne de Coopération Economique (OECE) l’année suivante. Cette politique de « goodwill » est soutenue par un discours remis au goût du jour par Max Petitpierre, le nouveau conseiller fédéral en charge des Affaires étrangères depuis le 1er février 1945[4]. Les pas de la politique étrangère suisse dans l’après-guerre sont guidés par le principe de « neutralité et solidarité »[5]. Il s’agit de faire la démonstration qu’être neutre ne veut pas dire être indifférent aux affaires du monde. Pour propager cette « bonne parole », les autorités suisses peuvent compter sur le soutien de la Société suisse de radiodiffusion (SSR), une société privée, fondée en 1931, qui remplit un mandat de service public. Celle-ci exerce alors le monopole de diffusion sur l’ensemble des programmes radiophoniques. La SSR gère six studios régionaux (les studios de Zurich, Berne, Bâle, Lausanne, Genève et Lugano) qui diffusent leurs émissions sur ondes moyennes, avant tout à destination d’un auditoire établi sur le territoire suisse, mais également – ce qui est plus méconnu – une station qui propose des programmes sur ondes courtes, à destination principalement d’un auditoire établi à l’étranger[6]. En effet, les émissions diffusées sur ondes courtes étant audibles seulement à une distance minimale d’environ 500 kilomètres de l’émetteur, elles ne sont quasiment pas reçues par le public suisse et ne font donc pas partie de sa mémoire sonore. De plus, les autorités helvétiques sont restées relativement discrètes sur cette station dont l’objectif est de faire de la « propagande »[7] pour le pays. Lancée au printemps 1939 parallèlement à la mise en route de l’émetteur national à ondes courtes de Schwarzenbourg installé dans le canton de Berne, la radio internationale suisse, dénommée alors Service suisse d’ondes courtes (SOC), a fait ses preuves dans ce domaine durant la Seconde Guerre mondiale. À cette occasion, elle a montré son soutien aux autorités en proposant des émissions conformes à la ligne politique officielle dans les trois langues nationales ainsi qu’en anglais et en espagnol à partir d’août 1939, puis en portugais dès l’été 1941. D’une envergure nettement plus modeste que celle des services radiophoniques extérieurs des nations belligérantes dont la croissance a été fulgurante dans le contexte de guerre des ondes[8], le SOC a habilement su faire sa place dans le paysage médiatique international. Dans une situation où l’information peinait à circuler et où les propagandes gouvernementales se déchaînaient, ses chroniques d’actualité internationale ont convaincu un large public en raison du caractère neutre et impartial qu’on leur prêtait. Pensons notamment au succès rencontré par les chroniques de René Payot et de Jean Rudolf von Salis qui sont d’abord diffusées sur ondes moyennes, puis retransmises par le Service suisse d’ondes courtes[9]. La crédibilité dont jouit la radio internationale helvétique au sortir de la guerre en fait un outil idéal pour participer aux efforts entrepris pour redorer le blason du pays à l’étranger.

 

Une riposte culturelle à destination prioritairement des États-Unis

Ayant eu un aperçu des potentialités de la radiodiffusion internationale pendant la Seconde Guerre mondiale, les autorités politiques helvétiques entrevoient assez rapidement l’atout que peut représenter le Service suisse d’ondes courtes dans leurs efforts pour améliorer la renommée du pays à l’étranger. Renforcer les capacités techniques de l’émetteur national à ondes courtes de Schwarzenbourg devient à leurs yeux une évidence[10]. Les améliorations apportées (d’un émetteur de 25 kW en 1945 à trois émetteurs de 100 kW et deux émetteurs de 25 kW au printemps 1949) permettent non seulement d’offrir une meilleure qualité de réception des programmes, d’atteindre une diffusion qui couvre toutes les régions du monde, mais aussi d’accroître de manière significative le nombre d’heures d’émission diffusées.

 

Graphique 1 : Nombre d’heures d’émission diffusées annuellement sous l’égide du Service suisse d’ondes courtes[11]

 

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La radio internationale helvétique fait plus que tripler son temps d’émission entre 1945 et 1949. Cette croissance touche tout particulièrement l’outre-mer et, plus précisément, les États-Unis jusqu’à la grille des programmes de l’hiver 1948/49.

 

Graphique 2 : Nombre d’heures d’émission diffusées chaque semaine par le SOC à destination d’outre-mer[12]

 

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En plus d’être l’auditoire d’outre-mer à qui le plus grand volume d’heures de programme est destiné, le public américain est le seul à recevoir des émissions spécifiquement réalisées pour lui. Alors que l’essentiel de la programmation du Service suisse d’ondes courtes est constitué de reprises d’émissions proposées par les studios régionaux sur les ondes moyennes, des productions précisément conçues pour l’Amérique du Nord sont introduites dès le tournant de la guerre, puis en plus grand nombre à la fin du conflit.

Le programme destiné à cette région du monde se structure autour d’une partie principale d’une durée de 50 minutes, composée soit d’une émission pour les Suisses à l’étranger (« Soirée Romande », « Serata Ticinese », « Schwyzertütsche Heimetobig »), soit d’une émission strictement musicale (« The Symphony Hour », « Dancing in Switzerland », etc.). Le reste du programme alterne entre des plages musicales, qui sont largement dominantes, et des séquences parlées qui excèdent rarement une durée de 5 minutes. Il s’agit essentiellement de chroniques d’information ou d’émissions comme « The Swiss Letterbox of the Air » ou « Towards a Better World », des productions propres sur lesquelles nous allons revenir. Les programmes du Service suisse d’ondes courtes pour les autres régions d’outre-mer ne sont que des déclinaisons raccourcies ou des traductions de ce programme pour l’Amérique du Nord. Ce manque d’adaptation selon les zones du monde visées est non seulement le signe d’un intérêt presque exclusif pour les auditeurs états-uniens, mais aussi le reflet d’un budget limité.

Pour mieux connaître ce public sur lequel se concentrent les efforts du Service suisse d’ondes courtes[13], le responsable de la radio internationale helvétique, Paul Borsinger, entame en 1947 un voyage d’études de quelques mois en Amérique du Nord grâce à une bourse de la Rockefeller Foundation[14]. L’octroi de ces bourses individuelles visant à constituer un réseau d’amis des États-Unis occupant des fonctions influentes, les dirigeants de la Rockefeller Foundation ont sans doute perçu l’intérêt de se rapprocher d’un responsable d’une radio internationale[15].

 

De l’intellect au cœur des Américains  

Le Service suisse d’ondes courtes produit un nombre croissant de chroniques visant à expliquer et à légitimer les options politiques prises par le Gouvernement suisse particulièrement auprès des citoyens américains. À la fin de l’année 1942 déjà, Paul Borsinger, prend contact avec plusieurs nouveaux chroniqueurs potentiels dans la perspective d’offrir des commentaires politiques sur les ondes courtes susceptibles de mettre le public états-unien dans une meilleure disposition à l’égard de la Confédération[16]. Cette démarche repose sur la certitude qu’en expliquant davantage le fonctionnement du pays, il sera mieux compris et apprécié. D’abord discrets quant au public véritablement visé, les titres de ces causeries se font plus explicites à mesure que la perspective d’une victoire alliée devient tangible. Prenons l’exemple des chroniques politiques intitulées « The world’s oldest democracy calling the world’s biggest » qui apparaissent dans la programmation en 1944 et des chroniques culturelles intitulées « Die Schweiz ruft Amerika » proposées dès l’année suivante[17].

Illustration 1 : Chronique politique de Paul Alexis Ladame du 11 janvier 1944 : « Où la Suisse se préoccupe des projets d’après-guerre »

La progression générale de ce type de chroniques illustre l’accent mis par le Service suisse d’ondes courtes sur le deuxième volet de son mandat – faire rayonner le pays hors des frontières nationales -, qui prend le pas sur sa mission originelle : resserrer les liens avec la diaspora.

La plupart des chroniqueurs engagés par la radio internationale helvétique sont des personnalités reconnues, de droite ou, du moins, ayant une vision conservatrice de la société, qui ont déjà une expérience journalistique confirmée, souvent proches des autorités politiques et en totale adéquation avec la ligne gouvernementale. Foncièrement anticommunistes, certains se distinguent par un alignement atlantique que l’on pourrait qualifier de décomplexé, à l’image de Paul Alexis Ladame, rédacteur en chef du Ciné-Journal suisse, et d’Eduard Fueter, directeur de l’Institut für Auslandforschung, un centre de recherches dont l’objectif est de rapprocher les milieux intellectuels suisses et américains. Tous deux sont responsables des chroniques précitées.

Parallèlement à la mise en place de ces courtes causeries qui visent à informer le public états-unien, le SOC produit, à partir du plan d’émission de novembre 1945[18], un programme qui cherche avant tout à toucher le cœur de ces mêmes auditeurs. Intitulée d’abord « Soldatengrüsse nach USA », puis « The Swiss Letterbox of the Air » et enfin « G.I. Corner », cette série offre quotidiennement, sur tirage au sort, un temps d’antenne aux permissionnaires américains en villégiature en Suisse pour saluer leurs proches[19]. En effet, entre juillet 1945 et 1948, plus de 300’000 G.I.’s stationnés sur le Vieux-Continent passent une semaine de vacances sur le territoire helvétique, selon un arrangement conclu entre le Gouvernement suisse et les forces américaines basées en Europe[20]. Leur périple les conduit à travers les principales stations et villes touristiques du pays, comme Zermatt, Gstaad, Montreux ou Lucerne.

Pour réunir le maximum de personnes concernées à l’écoute de ces émissions qui durent une quinzaine de minutes à leurs débuts, les salutations des permissionnaires sont diffusées environ deux semaines après leur enregistrement. Cet intervalle laisse suffisamment de temps au SOC pour informer par courrier les proches des soldats américains de cette transmission. Les G.I.’s seront près de 5’000 à faire entendre leur voix outre-Atlantique grâce aux ondes courtes suisses[21]. Le dernier volet du programme est consacré à lecture des lettres reçues à la suite des messages diffusés. Un espace communicationnel transnational se met donc en place par le biais de la radio, fondé sur la circulation.

Le jeune homme de 23 ans à la tête de cette production, Lance Tschannen, réalise également d’autres émissions sur la vie des G.I.’s en Europe, notamment à Noël directement depuis des hôpitaux de l’armée situés à Francfort, à Stuttgart et à Munich. Il profite aussi par exemple du séjour en Suisse du Brigadier Général Edward A. Noyes, chirurgien en chef des forces américaines basées en Europe, pour réaliser une interview le 25 septembre 1946, un des rares extraits sonores conservés datant de cette époque[22].

Illustration 2 : Interview du Brigadier Général Edward A. Noyes par Lance Tschannen, 25 septembre 1946

Une fois de plus, cet entretien est l’occasion de présenter le pays sous son meilleur jour.

Tant par le biais des chroniques que par le biais des émissions autour des G.I’s, la radio internationale helvétique mène une entreprise de charme auprès du public américain. En insistant sur ce qui rapproche la Confédération des États-Unis, comme le désir de liberté, la démocratie et le fédéralisme, ces programmes cherchent à faire oublier les dissensions qui caractérisent les relations de ces deux nations à l’époque[23]. L’image des « Républiques sœurs », qui s’appuie sur le fait que la Constitution des États-Unis a été une source d’inspiration pour la Constitution à la base de l’État fédéral, est régulièrement convoquée. Dans le sillage de la doctrine « neutralité et solidarité », le SOC s’engage aussi activement, par le biais de ces émissions, dans la promotion d’une Suisse charitable, accueillante et solidaire, fortement impliquée dans le concert des nations.

L’objectif poursuivi par ces programmes est le même, mais le procédé utilisé pour y parvenir est différent. Dans les chroniques, il s’agit avant tout d’expliquer ce qu’est la Confédération et la politique qu’elle mène sur la scène internationale, alors que, dans le cas des salutations des permissionnaires américains, c’est l’affect des auditeurs qui est davantage visé. Cela semble fonctionner si l’on en croit les nombreuses lettres de remerciement reçues par la radio internationale helvétique[24]. Il est vrai que c’est souvent la première fois que les familles et les amis entendent la voix de leurs proches partis combattre en Europe. Ce programme devient très vite le plus populaire du Service suisse d’ondes courtes en Amérique du Nord[25]. Ce type de « correspondance parlée » existait déjà, notamment à destination de la diaspora[26], mais ce qui est nouveau ici, c’est que l’on donne la parole à des citoyens étrangers. Même si l’idée avait déjà été évoquée[27], il faut donc attendre l’issue du conflit, par respect pour la neutralité, pour que cela soit rendu possible. « The Swiss Letterbox of the Air » ouvre la voie aux émissions dites de « goodwill », c’est-à-dire visant à exprimer la « volonté de collaboration spirituelle » de la Suisse avec les autres nations[28]. Ce genre de productions se développe durant l’immédiat après-guerre, à l’image de la série d’émissions « Towards a Better World ».

Il est impossible d’évaluer l’auditoire véritablement atteint par ces programmes. Le courrier des auditeurs ainsi que le retour des légations et des colonies helvétiques sont les seules sources d’information sur la réception des émissions diffusées par la radio internationale helvétique. Sans grande surprise, la majorité des lettres d’auditeurs provient des États-Unis[29]. Malgré les améliorations techniques, la réception des ondes courtes reste hasardeuse en raison de l’encombrement qui continue à régner dans l’éther et qui s’est même accentué depuis la Seconde Guerre mondiale. Pour pallier les difficultés liées à la réception des ondes courtes et pour contourner le fait que de nombreux auditeurs ne possèdent tout simplement pas encore de récepteurs permettant de recevoir cette longueur d’ondes, plusieurs solutions sont trouvées. Une des pistes est de proposer une rediffusion de ces programmes sur ondes moyennes en contractant un accord avec des stations américaines, comme c’est le cas par exemple avec WLW-Cincinnati, une station très puissante qui couvre l’ensemble de l’Amérique du Nord et qui relaie quotidiennement la série de chroniques « The world’s oldest democracy calling the world’s biggest ». Une autre façon de procéder est de créer un réseau de solidarité, à l’image de ce qui se passe autour du programme « The Swiss Letterbox of the Air »[30]. Spontanément, des auditeurs transcrivent les messages des permissionnaires pour les faire parvenir par voie postale aux proches qui n’auraient pas pu suivre l’émission. L’écoute collective est également largement pratiquée. Il n’est pas inhabituel d’être invité par un voisin mieux équipé pour suivre chez lui ce programme.

 

Le rattrapage de la Suisse auprès du camp occidental 

Même si la Confédération est censée appliquer un principe d’universalité dans ses relations internationales conformément à son statut d’État neutre, sa volonté de s’arrimer au bloc occidental est manifeste[31]. En accompagnant les efforts entrepris par le Gouvernement suisse dès le tournant de la guerre pour réhabiliter l’image du pays particulièrement auprès des autorités et des citoyens américains, la radio internationale helvétique se révèle être un instrument de choix pour atteindre directement ce public. Ses actions s’intègrent dans une offensive culturelle plus large. Les autorités suisses peuvent par exemple également compter sur l’industrie cinématographique. Citons notamment « Marie-Louise » (1943) et « La dernière chance » (1944/1945), deux films réalisés par Leopold Lindtberg et produits par la maison Praesens-Film AG, qui connaissent un large succès aux États-Unis[32]. Ils sont gratifiés en 1946 respectivement de l’Oscar du meilleur scénario et du Grand Prix du Festival de Cannes. Tous deux dressent le portrait d’une Suisse terre d’accueil. Partie prenante de cette offensive culturelle, le SOC contribue à faire oublier l’attitude ambiguë du pays durant la Seconde Guerre mondiale et à fixer durablement dans les esprits l’image d’une nation au comportement irréprochable. Cette stratégie rencontre un certain succès ; les critiques se font de plus en plus rares[33]. Dans le contexte très polarisé de la guerre froide, le soutien de la Confédération à la politique que mènent les États-Unis en Europe est très apprécié.

La pression américaine s’étant relâchée, la radio internationale helvétique oriente son action vers d’autres régions du monde. À partir du plan d’émission de l’été 1949, le volume d’heures de programmes destiné à l’Orient augmente considérablement et dépasse même largement celui voué à l’Amérique du Nord (voir graphique 2). Cette évolution correspond à l’intérêt croissant que la politique étrangère suisse porte à l’Asie et aux pays dits du Tiers Monde. En effet, le Gouvernement suisse voit dans les États nouvellement indépendants d’Asie de nouveaux marchés[34]. Il cherche à tisser des liens privilégiés avec eux, également dans le but de les préserver de l’influence communiste et d’éviter ainsi la progression de ce système dans cette région du monde. On le voit, la radio internationale helvétique s’évertue de nouveau à préparer le terrain le plus favorable possible aux rapprochements souhaités par les autorités politiques. Le service public audiovisuel suisse joue sans conteste un rôle de facilitateur dans les relations internationales de la Confédération.


* Les considérations qui suivent sont tirées de ma thèse de doctorat en histoire contemporaine soutenue à l’Université de Lausanne en mars 2015 : « Ici la Suisse – do isch t Schwyz – Switzerland calling ! » La Société suisse de radiodiffusion (SSR) au service du rayonnement culturel helvétique (1932-1949), 519 p.

[1] Sur la politique étrangère suisse après le tournant de la Seconde Guerre mondiale et pendant la guerre froide, v. C. Altermatt, La politique étrangère de la Suisse pendant la Guerre froide, Presses polytechniques et universitaires romandes, Lausanne 2003 ; G. Kreis, « Viel Zukunft – erodierende Gemeinsamkeit. Die Entwicklung nach 1943 », in Die Geschichte der Schweiz, éd. G. Kreis, Schwabe, Bâle 2014, pp. 548-605 ; S. Zala, « Krisen, Konfrontation, Konsens (1914-1949) », in Die Geschichte der Schweiz, éd. G. Kreis, Schwabe, Bâle 2014, pp. 490-539.

[2] Lettre du chef du Département politique M. Petitpierre au chef du Département de l’Intérieur Ph. Etter, 15.07.1948, Documents Diplomatiques Suisses, vol. XVII (1947-1949), n° 90, Chronos, Zurich ; Armando Dadò, Locarno ; Éditions Zoé, Genève, pp. 289-290, dodis.ch/4203.

[3] Lettre du chef du Département politique M. Petitpierre au Président de l’Assemblée générale des Nations Unies P.-H. Spaak, 19.10.1946, Documents Diplomatiques Suisses, vol. XVI (1945-1947), n° 98, Chronos, Zurich ; Armando Dadò, Locarno ; Éditions Zoé, Genève, pp. 300-301, dodis.ch/39.

[4] Sur la politique menée par Max Petitpierre au Département politique fédéral, v. D. Trachsler, Bundesrat Max Petitpierre : schweizerische Aussenpolitik im Kalten Krieg 1945-1961, Ed. Neue Zürcher ZeitungNZZ Libro, Zurich 2011.

[5] G. Kreis, Kleine Neutralitätsgeschichte der Gegenwart. Ein Inventar zum neutralitätspolitischen Diskurs in der Schweiz seit 1943, Haupt Verl., Berne ; Stuttgart [etc.] 2004, pp. 262-269.

[6] Contrairement à ce qu’on pourrait intuitivement imaginer, les ondes courtes peuvent être reçues dans des régions beaucoup plus lointaines que les ondes moyennes.

[7] À l’époque, le terme de « propagande » n’a pas encore la connotation négative qu’on lui connaît aujourd’hui. Il désigne alors ce que l’on appellerait actuellement une « action promotionnelle ».

[8] Sur les autres radios internationales, v. principalement F. Benhalla, La guerre radiophonique, Collection de la RPP, Paris 1983 ; A. Briggs, The history of broadcasting in the United Kingdom, vol. III et vol. IV, Oxford University Press, Oxford ; New York [& etc.] 1995 ; F. Brunnquell, Fréquence monde. Du Poste colonial à RFI, Hachette, Paris 1992 ; B. Bumpus, B. Skelt, Seventy Years of International Broadcasting, UNESCO, Paris 1984 ; A. Johnson, E. Parta, Cold war broadcasting : impact on the Soviet Union and Eastern Europe : a collection of studies and documents, Central European University Press, Budapest 2010 ; F. Pieper, Der deutsche Auslandsrundfunk. Historische Entwicklung, verfassungsrechtliche Stellung, Funktionsbereich, Organisation und Finanzierung, C. H. Beck, Munich 2000 ; J. Wood, History of International Broadcasting, vol. I, Lightning Source, London 2009 (1992).

[9] Archives de la direction générale de la SSR (Berne) – Zentralarchiv (dorénavant ZAR), B 001.107.07.2-4, 1945 ; C. Schubiger, « L’Écho radiophonique », Écho, revue mensuelle des Suisses à l’étranger, juillet-août 1945, p. 38.

[10] Message du Conseil fédéral, organe exécutif de la Confédération, à l’Assemblée fédérale, organe législatif, concernant la construction d’une annexe au bâtiment abritant la station d’émission à ondes courtes de Schwarzenbourg (Du 3 décembre 1945), Feuille fédérale, vol. II, n° 25, 06.12.1945.

[11] ZAR, Rapport annuel de la SSR, 1942-1943, p. 27 ; ZAR, Rapport annuel de la SSR, 1945, p. 20 ; ZAR, Rapport annuel de la SSR, 1946, p. 17 ; ZAR, Rapport annuel de la SSR, 1948, p. 82 ; ZAR, Rapport annuel de la SSR, 1949, p. 64.

[12] « Wintersendeplan, gültig ab 1. Dezember 1942 », Écho, novembre 1942, p. 21 ; « Sendeplan, gültig ab 20. Juni 1943 », Écho, juillet 1943, p. 42 ; « Sendeplan, gültig ab Juli 1944 », Écho, juillet-août 1944, p. 54 ; « Programme d’émission valable à partir d’août 1945 », Écho, juillet-août 1945, p. 48 ; « Programme des émissions de l’émetteur sur ondes courtes de Schwarzenbourg », Écho, août 1946, p. 43 ; Archives du Service suisse d’ondes courtes (dorénavant SOC), A 33-002.8, Cahier des programmes, plan d’été 1947 ; SOC, A 33-002.8-10, Cahier des programmes, plan d’hiver 1947/48 ; SOC, A 33-002.9, Cahier des programmes, plan d’été 1948 ; SOC, A 33-002.10, Cahier des programmes, plan d’hiver 1948/49 ; SOC, A 33-002.10, Cahier des programmes, plan d’été 1949.

[13] ZAR, Rapport annuel de la SSR, 1947, p. 56.

[14] The Rockefeller Foundation directory of fellowship awards, for the years 1917-1950, The Rockefeller Foundation, New York 1951, p. 25.

[15] L. Tournès, « Les élites françaises et l’américanisation : le réseau des boursiers de la Fondation Rockefeller (1917-1970) », in Relations internationales, n° 116, hiver 2003, pp. 502-503.

[16] M. Feldmann, Tagebuch 1915-1958 [Ressource électronique], Schweizerische Gesellschaft für Geschichte, Berne ; Kommissionsverlag Krebs, Bâle 2004.

Ces chroniques du SOC sont réunies sur une base de données disponible en ligne, réalisée en partenariat avec SWI swissinfo.ch : http://archives.swissinfo.ch/article.php.

[18] « Sendeplan, gültig ab 15. November 1945 », Écho, décembre 1945, p. 47.

[19] Sur l’organisation de ces émissions, v. ZAR, A 060.01.02, P. Borsinger, « Der Schweizerische Kurzwellendienst. The Swiss Letterbox of the Air », 23.08.1946 ; SOC, A 35-003, « The Story of a Good Will Radio Program“The G.I. Corner” », s.d.

[20] Sur les détails de la mise en place de l’Action de vacances (« Leave Action ») et son déroulement, v. F. Michaud, Les permissionnaires américains en Suisse (1945-1948) : organisation, enjeux et représentations réciproques, mémoire en histoire, Université de Fribourg, a.a. 2006 et sur ses enjeux, v. C. Hauser, « Heidi et les G.I.’s : une rencontre sur l’Alpe et ses enjeux pour la Suisse de l’immédiat après-guerre », in Les Alpes et la guerre : fonctions et images, éd. N. Valsangiacomo, Casagrande, Lugano 2007, pp. 331-350.

[21] SOC, A 35-003, L. Tschannen, « SBC’s “G.I. Corner” », 30.07.1979.

[22] SOC, CD_HIS_001_Track01.

[23] C. Hauser, « Attirances nécessaires, amour impossible : les ambiguïtés des relations américano-suisses au sortir de la Seconde Guerre mondiale », in Américanisations et anti-américanismes comparés, éds. O. Dard, H.-J. Lüsebrink, Presses universitaires du Septentrion, Villeneuve d’Ascq 2008, pp. 135-146 ; J. M. Schaufelbuehl, M. König, « Les relations entre la Suisse et les États-Unis pendant la guerre froide », in Traverse, Suisse – USA dans la guerre froide, vol. II (2009), p. 19.

[24] ZAR, A 060.01.02, P. Borsinger, « Der Schweizerische Kurzwellendienst. The Swiss Letterbox of the Air », 23.08.1946. Annexe : « Swiss Letterbox of the Air. Messages sent from August 1st 1945 to July 31st 1946. Some typical answers », pp. 1-2.

[25] ZAR, Rapport annuel de la SSR, 1946, p. 34.

[26] SOC, A 35-002, « Gesprochene Korrespondenz 1943 », 1943.

[27] SOC, A 42-001.2, Lettre du consul général de New York V. Nef à P. Borsinger, 5 décembre 1944, p. 3.

[28] ZAR, Rapport annuel de la SSR, 1947, p. 53.

[29] ZAR, Rapport annuel de la SSR, 1949, p. 69.

[30] SOC, A 35-003, « The Story of a Good Will Radio Program“The G.I. Corner” », s.d., p. 2.

[31] H. U. Jost, « La Suisse dans le sillage de l’impérialisme américain » (1988), in À tire d’ailes. Contributions de Hans Ulrich Jost à une histoire critique de la Suisse, Éditions Antipodes, Lausanne 2005, pp. 537-547.

[32] Sur ces deux films, v. H. Dumont, Histoire du cinéma suisse : films de fiction, 1896-1965, Cinémathèque suisse, Lausanne 1987, pp. 363-368 et pp. 375-383. « Marie-Louise » est la première production privée qui obtient une subvention fédérale.

[33] S. Zala, « Krisen, Konfrontation, Konsens (1914-1949) », cit., p. 494.

[34] S. Bott, J. M. Schaufelbuehl, S. Zala, « Die internationale Schweiz in der Zeit des Kalten Krieges. Eine Zwischenbilanz », in Die internationale Schweiz in der Zeit des Kalten Krieges/Relations internationales de la Suisse durant la Guerre froide, (Itinera, 30), éds. S. Bott, J. M. Schaufelbuehl, S. Zala Sacha, Schwabe Verlag, Bâle 2011, p. 10.

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